Vaisseau spatial / Pixabay - Abbie Fyre

Rencontre avec Pierre-Yves Cartillier, responsable de l’ingénierie culturelle et organisateur de la formation et Elodie Cornu, médiatrice numérique et culturelle à la BDSL.

Tous deux sont intervenus comme bibliothécaires formateurs à l'occasion de la session de formation initiale délocalisée (FID) programmée par la BDSL pour le réseau de lecture publique de Bresse Louhannaise intercom (BLI) en mars 2022.

En quoi consiste la formation initiale proposée par la BDSL ? Quels sont ses objectifs ?

PY : - La formation initiale, c’est en quelques séances, la possibilité de se former au contexte territorial et technique de la lecture publique. C’est une formation qui s’adresse à des bibliothécaires professionnels ou bénévoles qui intègrent le cadre professionnel des bibliothèques, ou qui souhaitent gérer des équipements de taille moyenne ou petite. Elle est animée par six ou sept professionnels de la Bibliothèque départementale et elle n’est pas certifiée au titre de la formation professionnelle. En revanche, elle permet de garantir la bonne qualité du service de lecture publique dans les bibliothèques du réseau, grâce à l’acquisition de compétences, mais aussi grâce au développement de ce qu’on appelle «l’esprit public», c’est-à-dire le service public de lecture. In fine, elle permet aux collectivités de garantir la qualité du service rendu au niveau local et d’animer un réseau avec une qualité de savoir-faire : travailler plus en collaboration avec nos partenaires, mais aussi avec les autres bibliothèques. Les bibliothécaires formés utilisent mieux les ressources proposées par la BDSL. C’est aussi une mission des bibliothèques départementales que d’accompagner les bibliothèques des collectivités et les réseaux de bibliothèques en général. A l’issue de ces six ou sept journées, les bénévoles accèdent au statut de « bénévole qualifié ». D’un point de vue pratique, cela leur permet d’obtenir le remboursement de leurs transports par le Département, pour cette formation et pour leurs venues à la BDSL.

EC : - Ces dernières années, on a beaucoup axé les contenus de la formation initiale sur la présentation de nos services…

PY : - Oui, car l’un de ses objectifs est de fournir un cadre pour nos collaborations futures avec les bibliothèques. Nous proposons des ressources gratuites, qu’il faut faire connaître auprès du réseau des bibliothèques.

Comment se déroule ce type de formation ? Quelles thématiques sont abordées ?

PY : - La première journée de formation, que j'anime, est un moment d’échange entre les stagiaires et d’interrogation des pratiques. Elle porte aussi sur la culture territoriale et introduit aux autres séances en insistant sur l’innovation dans le champ de la lecture publique : offre documentaire et collections, informatique professionnelle, animation numérique, offre numérique, action culturelle, spectacles, supports d’animation…

EC : - Pour ma part, j'ai animé deux journées en compagnie d'autres collègues. La quatrième journée, qui s’articule autour de quatre volets : communiquer avec les réseaux sociaux, l’inclusion numérique, l’offre de services numériques de la BDSL avec Cesam71, et enfin, l’animation et la médiation numérique. Et la sixième et dernière journée, très pratique et concrète, dédiée à la présentation du catalogue de supports d’animation de la BDSL. 

Formation initiale délocalisée à la BLI mars 2022

Six journées pour donner une vision panoramique des missions des bibliothèques et des ressources proposées par la BDSL...

PY : - Le point de départ pour qu’une bibliothèque puisse faire partie du réseau départemental, c’est d’avoir une personne formée dans l’équipe. Le système n’est pas contraignant, mais les collectivités ont des obligations minimales : la taille des locaux, les horaires d’ouverture, le budget d’acquisition et aussi un personnel formé. Se former, c’est se donner la possibilité d’intégrer l’actualité des bibliothèques qui sont des établissements qui évoluent beaucoup. Dans la même optique, les Openbib proposés par la BDSL permettent de se renouveler, d’être en lien avec l’actualité, de ne pas rester isolé. C’est un enjeu très fort…

EC : - Les participants découvrent certains pans de nos services. La BDSL communique par newsletter, sur son site internet, etc., mais malgré tout, subsiste beaucoup de méconnaissance sur notre offre de services. A l’issue de la formation, les personnes sont mieux informées et plutôt disposées à utiliser les ressources proposées par la BDSL.

Proposer une session de formation initiale délocalisée, c'est mettre en place une action de formation initiale adaptée et à l’échelle d’un territoire intercommunal ?

PY : - Cela part d’un double constat. Une difficulté et parfois même une impossibilité, pour les bénévoles de se déplacer dans nos locaux à Charnay-les-Mâcon sur plusieurs séances. La BDSL est excentrée, les distances peuvent être importantes et demander un fort investissement personnel. L’idée, c’est d’aller vers les bénévoles, de se rapprocher de leur lieu de travail. Ce qui rend cela possible, c’est la structuration en cours de réseaux intercommunaux de lecture publique. Et pour nous, c’est faire d’une pierre deux coups : on se déplace pour former des collègues et dans le même temps, on accompagne la structuration d’un réseau de lecture publique intercommunal en lui donnant une dimension globale, en activant une dynamique de fonctionnement et de collaboration en réseau. Nos contenus de formation se croisent avec les attentes des collectivités.

FID BLI Elodie

Délocaliser pour mieux accompagner ?

PY : - Délocaliser la formation initiale permet d’être dans l’accompagnement et au plus près des besoins des collectivités. Elle se déroule sur un temps plus concentré : deux semaines consécutives, au lieu d’une journée par mois, avec un étalement de la formation sur un semestre complet. Cela nous permet de former simultanément 25 personnes d’une même communauté de communes. Et c’est un service gratuit pour la collectivité.

C’est une temporalité différente : six journées de formation en deux semaines, cela permet au groupe de renforcer sa dynamique, de s’exprimer. Cela crée aussi un effet miroir, les bibliothécaires se présentent face à nous avec l’identité collective d’un réseau de bibliothèques qui travaillent déjà ensemble. La notion de culture de proximité est la porte d’entrée optimale vers un fonctionnement des bibliothèques en réseau intercommunal. En fait, c’est de la culture territoriale, une forme d’instruction civique appliquée à la lecture publique.

Quelles ont été les occasions d'expérimenter cette nouvelle formule ?

PY : - La première expérimentation avait eu lieu avec les bibliothèques du Brionnais Sud Bourgogne (BSB) en 2021. Deuxième expérimentation en mars 2022, avec le réseau des bibliothèques de la Bresse Louhannaise intercom (BLI). Ce sont les deux collectivités les plus structurées dans leur prise de compétence intercommunale des missions de lecture publique. Dans les deux cas, la formation a été organisée à leur demande. Il faut souligner que ces deux Communautés de communes sont elles-mêmes signataires avec l’Etat et le Département, d’un Contrat Territoire Lecture (CTL). Nous valorisons les objectifs de la formation initiale dans le cadre contractuel de ces CTL. Il s’agit de mettre le réseau intercommunal dans une dynamique, une démarche d’amélioration du service public auprès de tous les habitants du territoire. Cette démarche peut faire l’objet d'une certaine fierté de la part des bénévoles. C’est aussi une stratégie territoriale de notre part, c’est pour cela que le domaine de la formation est rattaché à l’ingénierie dans l’organigramme de la BDSL.

La carte du réseau des bibliothèques de la Bresse Louhannaise Intercom (BLI)

Comment s’est constitué le groupe de stagiaires à la BLI ?

PY : - Jean-Philippe Bard coordonne le réseau intercommunal de lecture publique de la BLI. Il connaît bien ses équipes et les différents référents du territoire. C'est lui qui a assuré la diffusion de l’information et motivé les personnels bénévoles des bibliothèques. Côté BDSL, nous avons maintenu le cadre habituel d’une démarche individuelle et volontaire d’inscription des participants. Une vingtaine de personnes, dont un agent du service des Archives, se sont finalement inscrites. Toutes les bibliothèques étaient représentées, quelle que soit leur taille. Il y avait aussi une bibliothécaire salariée qui venait d’intégrer la Bibliothèque de Louhans.

Selon vous, est-ce que cette formule de formation délocalisée modifie la dynamique globale d’apprentissage et d’échange entre les participants ?

EC : - Comme il s’agit de personnes d’un même réseau, on peut faire face par moments à des cristallisations du groupe autour de questions ou de problèmes locaux. C’est pour nous l’occasion de remettre ces interrogations dans une perspective plus large, de proposer un angle de vue plus distancié, détaché du contexte temporaire et local. Il y a aussi un aspect très positif, pour les participants, c’est l’occasion de se voir, de se parler, d’échanger sur des pratiques. Certaines personnes se découvraient…

Les formateurs ajustent leur programme sur le contexte local ?

EC : - Pour ma part, j’ai pu m’appuyer sur ce qui avait déjà été construit sur la Page Facebook du réseau de bibliothèques de la BLI pour construire mon intervention. Un autre exemple, la dernière journée de formation dédiée aux supports d’animation a été l’occasion pour plusieurs bibliothèques de s’accorder pour réserver un support qui circulera entre elles pendant la durée d’emprunt. 

PY : - La formation délocalisée se déroule davantage dans une réalité de terrain. Dans le cadre plus habituel de la formation initiale programmée à la BDSL, les participants nous parlent de leurs expériences, de leurs bibliothèques, mais nous n’avons pas forcément la possibilité d’apporter une réponse immédiate aux problématiques soulevées. Alors que là, les référents thématiques des bibliothèques de la BLI étaient aussi présents à tour de rôle, en fonction des domaines abordés, ainsi que Jean-Philippe Bard, qui coordonne le réseau de lecture publique de la BLI. Cela permet de personnaliser ou dynamiser le fonctionnement en réseau de lecture publique, fournir des outils de structuration et d’aménagement, c’est un gros avantage.

FID_BLI_Verbatim_Daniel

Où s'est déroulée la formation ? Dans une bibliothèque de la BLI ?

PY : - On a été très bien reçus. La formation a eu lieu dans la salle polyvalente de Sainte-Croix-en-Bresse, commune où se trouve le château de l’épouse de D’Artagnan. Nous avions un slogan tout trouvé pour la cohésion de groupe  « Un(e) pour tous, tous pour un(e) ! ».

EC : - La dernière journée, dédiée aux supports d’animation a eu lieu à la BDSL. En partie pour éviter de transporter trop de matériel d’animation, mais c’était aussi l’occasion pour les stagiaires de visiter la Bibliothèque départementale et de clore ces deux semaines par un moment convivial au moment de la remise symbolique des « diplômes ».

PY : - Ce que nous n’avons pas encore travaillé, c’est la question de l’évaluation de cette formation initiale délocalisée. Pour les collectivités qui ont signé un CTL, ce document contractuel intègre une partie d’évaluation des actions menées. Pour la BDSL, passé le rush de la découverte, ce sera intéressant de s’interroger sur l’impact de cette nouvelle formule, en quoi cette formation délocalisée a pu avoir un impact sur l’utilisation de nos ressources par la BLI. Exemple concret : pourra-t-on constater une augmentation du nombre d’emprunts des supports d’animation par les bibliothèques de la BLI dans les deux années qui viennent... ?

La prochaine session de formation initiale délocalisée est-elle déjà programmée ?

PY : - Il ne s’agit pas d’une offre systématique, contrairement à la session de formation initiale plus « classique » organisée chaque année à la BDSL. Ces sessions délocalisées sont programmées à la demande d’une collectivité. Elles s’adressent forcément aux Communautés de communes qui ont choisi de prendre une compétence en matière de lecture publique, avec un but affiché : la lecture publique, et un bon niveau de structuration : un cadre institutionnel (l’intercommunalité) et une personne-relais, qui coordonne le réseau intercommunal des bibliothèques. C’est-à-dire des interlocuteurs avec des buts et des objectifs formulés. Nous nous dirigerons sans doute vers le Nord de la Bresse pour la prochaine étape de cette formule de formation délocalisée...

 

 

Retrouvez le calendrier des formations programmées par la BDSL dans la rubrique "Se former"

En savoir plus sur le réseau des bibliothèques de la Bresse Louhannaise Intercom

 

Publication : mai 2022