photo de jeune fille sur un vélo avec un casque de réalité augmentée
Depuis quelques semaines, on ne parle que d'eux... les métaverses sont parmi nous !

 

Pour ceux qui ne le sauraient pas encore, un métaverse, contraction de Méta et d’Univers, est un univers complètement immatériel, créé de toutes pièces par des ordinateurs et des logiciels. Un monde dans lequel les êtres humains peuvent évoluer virtuellement, découvrir des paysages, rencontrer d’autres personnes, échanger, acheter, se battre, s’ébattre, s’abattre, se débattre… bref, faire un peu comme dans la vraie vie, sauf que là chacun n’y est présent qu'à travers un avatar.

Ces univers virtuels numériques ne sont pas récents, des jeux vidéo comme Minecraft ou Second Life nous permettent depuis les années 2000 de ne plus être SUR internet, mais DANS internet. Minecraft, par exemple, permet de construire des villes, des paysages, de se construire une existence dans un monde virtuel, d’y faire évoluer un personnage, son propre personnage.

Aujourd’hui, l'évolution fondamentale de cette prouesse technologique réside dans la mobilisation de tous nos sens à participer à cette expérience de virtualisation de nos vies. Grâce notamment aux casques de réalité virtuelle, à des logiciels et à des ordinateurs plus performants, c’est une immersion complète dans le virtuel qui est proposée. Vous pouvez assister à des concerts, à des spectacles avec des amis à des centaines de kilomètres les uns des autres et loin de chez vous, alors que vous êtes bien installé dans votre canapé. Vous pourrez aussi visiter des musées, des expositions situés dans d'autres continents sans avoir à prendre le train ou l’avion. Devenir un super héros à qui rien ne résiste... dans la limite de votre connexion internet.

Si les plus grosses entreprises du web, Facebook en tête, investissent d’énormes sommes d’argent dans le domaine du métaverse, c'est que les enjeux financiers attendus sont colossaux. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si, en cascade, elles sont suivies par des entreprises comme Nike qui misent sur les métaverses pour vendre des produits adaptés à ces univers immatériels. Quoi de plus chic que de faire évoluer son avatar avec les dernières baskets de la marque à la virgule. Des biens virtuels pour de l’argent bien concret, même si les transactions sont effectuées en crypto-monnaie, l'économie financière des métaverses représenterait 30 000 milliards de dollars d'ici 10 ans.

Quel regard porter sur ces nouvelles technologies et leur apport culturel ?


Pour reprendre l’expression populaire, il y a à boire et à manger dans tout cela. Comme dans le film Avatar, le handicap peut être dépassé grâce à elles, l’accès à la culture, à la découverte du patrimoine ne plus être lié à des déplacements et réservé à une élite, de nouvelles formes de sociabilité peuvent aussi émerger… Les métaverses pourraient être au final un cadre parmi d'autres de développement social et culturel qui présente l'avantage d'un accès facilité par la technologie.

On peut aussi citer des exemples des usages spécifiques et inédits liés aux métaverses, comme celui de Reporters Sans Frontières qui, afin de contourner les censures exercées par certains gouvernements sur leur population, a créé une bibliothèque virtuelle sur la plate-forme de jeux Minecraft, afin que tous puissent accéder librement à une information objective bien réelle.

Mais parallèlement à ces promesses, on peut aussi craindre que ces espaces placés hors de portée des lois et du contrôle social, deviennent des lieux de détresse, de délinquance. Que le pire s'y installe à l'écart de toute morale, de toute valeur et référence culturelle. Avec le risque, in fine, que nous n'existions qu'à travers des avatars cabossés et encore plus mal en point que dans le vrai monde.

Pour relativiser cette révolution culturelle et technologique, il serait peut-être bon de rappeler que ces explorations, ces expériences de vies hors de nos corps ne sont pas nouvelles. Sans casque de réalité augmentée, sans réseau internet, sans consoles de jeux et sans joysticks, de nombreuses générations de femmes et d'hommes ont pu explorer les fonds marins aux côtés du capitaine Némo, ont pu arpenter les couloirs magiques de Poudlard ou encore trembler au côté d’Ulysse face au cyclope… grâce aux livres. Depuis bien longtemps, et bien avant Facebook, les bibliothèques nous entraînent dans ces mondes imaginaires indispensables à notre construction culturelle. 

Pour peu que les opérateurs du web laissent leurs outils ouverts à des pratiques citoyennes et qu'un minimum de règles y règne, les métaverses ouvrent indéniablement la porte à des horizons nouveaux, à de formidables et prometteuses expériences humaines et culturelles. Comme pour tous les outils technologiques, en tant que citoyens, nous devons être vigilants, prendre le temps de comprendre les différents enjeux, et surtout apporter notre contribution chaque fois que possible, afin que nos intérêts ne soient pas oubliés.